Élaborer un syllabus de cours (ou plan de
cours)
Définition et
objectifs
Étymologiquement, un syllabus est une « table des matières
» (Altman & Cashin, 1992). Dans l’enseignement supérieur, on s’accorde en
général à dire qu’un syllabus (ou « plan de cours ») est une présentation
générale d’un cours qui reprend toutes les informations à savoir par les
étudiant-e-s à son sujet : table des matières, objectifs, planification des
activités, modes d’évaluation, informations pratiques, consignes de travail,
etc.
L’objectif d’un syllabus est surtout descriptif. Il s’agit
d’expliquer sur quels thèmes porte le cours et comment il s’organise. Il s’agit
donc à la base d’un outil de communication entre un-e enseignant-e et ses
étudiant-e-s mais aussi entre enseignant-e-s pour échanger des informations sur
les cours au sein d’un programme de formation. Dans le cadre de la réforme
Bologne, il s’agit en outre d’un outil intéressant pour pouvoir comparer
l’équivalence des cours et des programmes entre différentes universités. De
plus en plus d’universités rendent d’ailleurs publics les syllabus (ou parties
des syllabus) des cours qu’elles dispensent.
Conception et
contenus
Il n’y a pas de règle absolue concernant les informations
que devrait contenir un syllabus. Certaines universités ou facultés fournissent
néanmoins aux enseignant-e-s des formulaires types pour la description des
cours sur le site web. Un syllabus contient en fait simplement tout ce qu’un-e
enseignant-e voudrait transmettre comme information à propos de son cours à
l’intention des personnes qui vont le suivre. Ces informations peuvent bien
entendu varier d’un cours à l’autre. Un principe tout de même important à
retenir est qu’en général, il est intéressant d’expliciter ses attentes
vis-à-vis des étudiant-e-s, notamment par exemple en ce qui concerne leur
participation en classe, ce qu’ils/elles doivent accomplir comme travail entre
les séances ou la façon dont leur copie d’examen sera corrigée, etc. Cela donne
ainsi des signaux clairs aux étudiant-e-s à propos des compétences qu’ils/elles
doivent développer tout au long du cours, à propos de la façon dont ces
compétences seront évaluées et pourquoi certaines activités d’apprentissage
spécifiques leur sont proposées. Ceci peut contribuer à susciter leur intérêt
et leur implication.
Voici une liste de contenus possibles d’un syllabus, basée
sur le texte d’Altman et Cashin (1992) ainsi que d’autres références
rassemblées à la fin de ce document :
• Identification du cours : le nom du cours, le nombre de
crédits, les horaires et la localisation de la salle. Il peut être intéressant
de préciser les prérequis du cours (quels cours il faut avoir suivis au
préalable ou quelles compétences il faut maîtriser pour pouvoir le suivre) et
les informations administratives nécessaires si l’inscription au cours doit
être validée par l’enseignant-e. Pour les étudiant-e-s qui en auraient besoin,
quelques lectures préalables peuvent être aussi renseignées en lien avec les
prérequis.
• Informations concernant l’enseignant-e : nom, brève
biographie ou bibliographie, localisation du bureau, informations de contact et
heures de réception. Ces informations peuvent être accompagnées d’une photo.
Les assistant-e-s ou autres personnes ressources sont présenté-e-s de la même
façon.
• Description du cours : En quelques lignes, de quoi
s’agit-il ? Quelles sont les intentions de l’enseignant-e en proposant ce cours
? Un bref historique du cours peut être éventuellement proposé : pourquoi le
cours est proposé dans un ou plusieurs programme(s) précis ou quel est le
public cible de ce cours.
• Objectifs d’apprentissage : Quels apprentissages et
compétences le cours vise-t-il à développer chez les étudiant-e-s ? De quoi
devront-ils/elles être capables à la fin du cours ? En lien avec le contenu du
cours, il s’agit ici de préciser ce qui est attendu de la part des étudiant-e-s
en termes d’apprentissage.
• Relation avec le programme de cours : Que vise le cours
relativement au programme que les étudiant-e-s suivent ? Quelles sont ses
relations avec les autres cours ? A quels autres cours éventuellement
prépare-t-il ? Ces informations peuvent s’avérer utiles lorsqu’un même cours
est offert dans plusieurs programmes différents.
• Programme et calendrier : informations concernant le
contenu de chaque séance de cours et calendrier des travaux à remettre. Ceci
peut être présenté sous la forme d’un tableau reprenant les dates, horaires et
échéances ainsi que les contenus abordés à chaque séance.
• Matériel de cours : il s’agit ici de faire la liste des
livres ou polycopiés relatifs au cours, de ressources complémentaires
(articles, bibliographie, etc.), du matériel de laboratoire à se procurer, etc.
Un lien avec les objectifs d’apprentissage peut être établi pour rendre claire
l’utilité des lectures et du matériel proposé. Quelques informations pratiques
peuvent aussi être transmises : coût du matériel, lieux pour se le procurer,
etc.
• Consignes pour les exercices ou travaux, individuels ou
de groupe : il s’agit de la description des travaux à remettre en précisant si
nécessaire comment les groupes sont constitués, quelle forme le travail devra
prendre, les délais, la forme du feed-back donné, etc.
• Mode(s) d’évaluation : en quoi consistera l’examen final
mais aussi à quels moments des feed-backs à propos des travaux seront transmis
aux étudiante-s, comment sera calculée la note finale, quels sont les critères
d’évaluation, etc. ? On peut éventuellement fournir aux étudiant-e-s une copie
de la grille d’évaluation qui sera utilisée pour corriger les examens ou les
travaux, c’est-à-dire la façon dont leur copie sera traitée et notée au regard
des critères d’évaluation, sans pour autant leur fournir un corrigé.
• Principes de fonctionnement du cours : il peut être très
utile de préciser explicitement aux étudiant-e-s comment les cours se déroulent
en exprimant ses attentes en terme de participation par exemple ou en
explicitant le rôle des assistant-e-s. Cela peut concerner aussi, si on le juge
nécessaire, les règles de base à observer concernant les arrivées tardives au
cours, les délais de remise des travaux, les consignes de sécurité en
laboratoire, les principes d’éthique scientifique comme la citation de ses sources,
etc.
• Informations sur les services complémentaires : par
exemple, utilisation de la bibliothèque universitaire ou de ressources en ligne
(site web, plate-forme d’enseignement à distance, thésaurus, etc.).
Quelques questions
complémentaires
Par rapport à la constitution d’un syllabus de cours et sa
diffusion auprès des étudiant-e-s, certaines questions peuvent parfois se
poser.
• Le syllabus pourrait parfois être considéré comme une
contrainte ou comme « un travail en plus » à accomplir alors que le cours
fonctionne déjà bien depuis quelques années. L’apport d’un syllabus est
simplement de mettre par écrit ce qui est souvent seulement dit à la première
séance de cours ou de rassembler des informations existantes qui sont parfois
éparpillées en différents lieux. A ce titre, le syllabus peut apporter de la
clarté aux yeux des étudiant-e-s, ce qui les encouragera à s’impliquer dans le
cours.
• Pour les enseignant-e-s qui sont en train de concevoir
un nouveau cours, parfois dans l’urgence, le syllabus peut apparaître comme un
travail très contraignant, surtout en ce qui concerne la planification des
activités. En effet, certaines activités ne sont pas toujours complètement
planifiées à l’entame d’un cours en début de semestre. A ce propos, un syllabus
n’a pas nécessairement à être complet dès le début d’un cours. Il peut aussi
s’enrichir au fur et à mesure que le cours avance dans l’année. L’utilisation
d’un site web ou d’une plate-forme peut être très pratique dans ce cas.
• Certaines questions peuvent aussi s’exprimer à propos du
caractère public d’un syllabus, certain-e-s enseignant-e-s craignant d’être
plagié-e-s par des collègues d’autres universités. On peut signaler à ce propos
que tout ne doit pas être nécessairement public dans un syllabus. Certaines
informations comme les consignes de travail ou les critères d’évaluation ne
concernent en effet que les étudiant-e-s du cours. De même, la planification du
cours avec les contenus abordés tout au long de l’année pourrait être réservée
aux étudiant-e-s inscrit-e-s. Mais le caractère public peut aussi faire partie
d’une stratégie de communication d’un programme de formation pour mieux se
faire connaître ou rendre comparables les cours entre universités pour les
étudiante-s qui voudraient se lancer dans un séjour à l’étranger.
• Certain-e-s enseignant-e-s pourraient craindre aussi de
rendre leur cours trop « scolaire » ou d’en faire trop pour les étudiant-e-s
qui devraient, à l’université, développer leur autonomie dans le travail. Il ne
s’agit clairement pas là de l’objectif d’un syllabus qui constitue, comme nous
l’avons précisé plus haut, un outil de communication avec les étudiant-e-s. Il
s’agit donc plutôt d’informer clairement sur le contenu et le déroulement d’un
cours. En fait, plus les attentes d’un-e enseignant-e sont explicites (même sur
ce qui paraît évident a priori), plus on favorise la compréhension et
l’engagement des étudiant-e-s. Ceci peut se vérifier surtout avec les
étudiant-e-s de première année qui n’acquièrent pas toujours rapidement de
stratégie efficace de travail, qui peinent à comprendre ce que les
enseignant-e-s attendent d’eux/elles ou qui n’osent pas participer aux cours
trop activement.
Un dernier point que nous pouvons mentionner est que
certain-e-s enseignant-e-s jugent important de s’assurer de l’adhésion des
étudiant-e-s au contenu de leur syllabus. Dans une certaine mesure, des
discussions peuvent avoir lieu lors de la première séance de cours à propos de
certains points comme les échéances, la formulation des objectifs pédagogiques,
la forme de l’examen ou les critères d’évaluation. Ceci peut contribuer à
l’implication des étudiant-e-s et à leur adhésion au plan qui leur est proposé.